Amélioration de la cicatrisation utérine en césarienne : comparaison entre suture en bourse double couche et suture continue en une couche
Dans le cadre de la lutte contre les complications liées aux cicatrices de césarienne, une nouvelle étude prospective randomisée contrôlée a évalué deux techniques de fermeture utérine. Cette recherche, menée par Kaouther Dimassi et al., compare la technique de suture en bourse double couche (PSUS) à la technique de suture continue en une couche (SLCUS) afin de déterminer laquelle offre une meilleure cicatrisation et réduit le taux de défauts de cicatrice (CSD). Cet article vous présente la méthodologie et les résultats clés de cette étude innovante, apportant un éclairage précieux sur l'optimisation de la fermeture utérine en césarienne.
Contexte et enjeux
La fréquence des césariennes étant en constante augmentation, la qualité de la cicatrisation utérine est devenue un enjeu majeur. Les défauts de cicatrice de césarienne, ou CSD, représentent une complication post-opératoire pouvant entraîner des douleurs chroniques, des saignements anormaux et, dans certains cas, des complications lors de grossesses ultérieures. La technique de fermeture utérine utilisée joue un rôle déterminant dans la qualité de la cicatrisation et la prévention de ces complications. Dans cette optique, l'étude compare :
- SLCUS (suture continue en une couche) : Technique classique consistant en un suture continue non verrouillée couvrant l'ensemble de l'épaisseur utérine.
- PSUS (suture en bourse double couche) : Technique innovante utilisant un suture en « purse string » (bourse) appliqué en double couche, favorisant une meilleure apposition des bords de l'incision et un épaississement de la cicatrice.
Méthodologie de l'étude
Conception de l'étude
Il s'agit d'une étude prospective randomisée contrôlée menée dans le cadre du protocole FAUCS. Cent patientes programmées pour une césarienne ont été réparties aléatoirement en deux groupes :
- Groupe PSUS : Fermeture utérine par suture en bourse double couche.
- Groupe SLCUS : Fermeture utérine par suture continue en une couche (groupe témoin).
Les patientes ont été recrutées selon des critères stricts, excluant par exemple les cas d'accouchements prématurés ou d'urgences, afin d'assurer une homogénéité des populations étudiées.
Procédure chirurgicale et évaluation post-opératoire
Les deux techniques de suture ont été réalisées dans le cadre de la technique de césarienne modifiée Misgav Ladach (FAUCS pour le groupe PSUS). La fermeture utérine était réalisée de la manière suivante :
- Pour SLCUS : Un fil de suture Vicryl® est utilisé pour fermer l'ensemble de l'épaisseur de la paroi utérine en continu.
- Pour PSUS : Le même type de fil est introduit intramyométrialement, débutant dans un coin de l'incision, passant le long des bords supérieur et inférieur avant de revenir au point de départ. Cette technique, appliquée en double couche, vise à renforcer la cicatrisation.
Six mois après la césarienne, une saline infusion hystérosonographie (SIS) a été réalisée par un obstétricien senior, aveugle quant à la technique utilisée, afin d'évaluer la qualité de la cicatrice. Les mesures effectuées comprenaient :
- La présence ou non d'un CSD (défini par une indentation d'au moins 2 mm).
- L'épaisseur résiduelle du myomètre (RMT) et l'épaisseur du myomètre adjacent (AMT) permettant de calculer le taux de guérison.
- D'autres paramètres ultrasonographiques comme la longueur, la profondeur et la largeur du défaut de cicatrice.
Les paramètres peropératoires (durée de la suture et perte de sang calculée) ont également été comparés entre les deux groupes.
Résultats clés
Amélioration significative du taux de cicatrisation
Les résultats montrent que la technique PSUS présente un avantage marqué en matière de cicatrisation :
- Taux de CSD : Le groupe PSUS affiche un taux de défaut de cicatrice de seulement 6,66 % contre 40 % dans le groupe SLCUS (p < 0,001).
- Épaisseur de la cicatrice : La RMT mesurée par SIS est significativement supérieure dans le groupe PSUS (6,96 ± 2,55 mm) par rapport au groupe SLCUS (4,53 ± 2,09 mm, p < 0,001).
- Taux de guérison : Le rapport RMT/AMT est également meilleur avec le PSUS (0,97 ± 0,11 vs. 0,8 ± 0,25, p = 0,002).
Paramètres peropératoires
Bien que la technique PSUS ait nécessité une durée opératoire légèrement plus longue (7,17 ± 2,31 minutes vs. 6,31 ± 3,04 minutes pour SLCUS, p = 0,028), aucune différence significative n'a été observée en termes de perte de sang calculée entre les deux groupes (520 ± 58 ml vs. 536 ± 50 ml, p = 0,724).
Analyse statistique
L'analyse par régression logistique a mis en évidence que la technique SLCUS était le principal facteur de risque de développement d'un CSD, avec un odds ratio ajusté de 6 (p < 0,001).
Discussion et implications cliniques
Les résultats de cette étude démontrent clairement que le recours à une suture en bourse double couche (PSUS) améliore significativement la qualité de la cicatrisation utérine en réduisant le taux de défauts de cicatrice. Ces améliorations ne se font pas au détriment de la sécurité peropératoire, puisque la perte de sang reste comparable et que la légère augmentation du temps opératoire est justifiée par les bénéfices en termes de cicatrisation.
Cette technique innovante pourrait avoir des répercussions importantes sur la santé reproductive des patientes, en limitant notamment le risque de rupture utérine et d'autres complications lors de grossesses ultérieures.
Conclusion
La suture utérine par méthode en bourse double couche (PSUS) apparaît comme une avancée prometteuse dans le domaine de la césarienne. En réduisant significativement le taux de cicatrice de césarienne défectueuse et en améliorant la qualité de la cicatrisation, cette technique offre une meilleure perspective pour la santé maternelle à long terme.
